AUDINGHEM (Cap Griz Nez)
Monument aux morts

Localisation : Cimetière

Conflits commémorés : 1914-1918, 1939-1945

Année d’inauguration : 1960. Le monument de la Grande Guerre avait été détruit en 1943. Un nouveau monument a été élevé en 1960 financé par les dommages de guerre.


Lieux de mémoire :
Stèle à la mémoire du commandant Ducuing, tué au combat le 26 mai 1940. Inaugurée à la Pentecôte 1952 par le secrétaire d'Etat à la Marine.

    Notes biographiques :
D'après un article du capitiane de vaisseau honoraire Marcel PILLET, paru en juillet 1966 dans Marine.

"    Gabriel DUCUING naît à Paris le 25 décembre 1885.Il est fils d'un petit cousin du Maréchal Foch, intendant militaire, qui prendra une part active à la bataille de la Marne aux côtés du général GALLIENI.
    Se destinant à la marine marchande, il embarque comme pilotin, aussitôt après son baccalauréat, sur le trois-mâts Cérès, puis sur des paquebots, et fait son service militaire en 1907 comme matelot sur le Brennus et sur le Bouvet.
    Lieutenant au long cours en 1908, capitaine au long cours en 1911, il navigue successivement sur treize paquebots tout en trouvant le temps d'apprendre quatre langues étrangères et de faire sa licence en droit qu'il termine brillamment en 1913.
    Il embarque alors, pour la première fois, comme second capitaine, sur un paquebot qu'il quittera en juillet 1914 pour s'engager dans les chasseurs à pied.

    Le combattant de la première guerre mondiale
    Nommé sous-lieutenant en décembre, il ne peut supporter la vie statique des tranchées et passe dans l'aviation comme officier observateur.
    Breveté pilote en juillet 1915, il revient dans la Marine qui lui a donné une commission d'enseigne de vaisseau auxiliaire.
    Affecté à l'aviation maritime de Dunkerque, puis de Venise, il se fait tout de suite remarquer par ses brillantes qualités d'entraîneur d'hommes.
    Après avoir effectué de nombreuses missions de reconnaissance et de bombardement, il est blessé en combat, cité à l'ordre de l'armée navales françaises et italienne et fait chavalier de la Couronne d'Italie.
    Nommé enseigne de vaisseau de réserve en juillet 1916, il quitte Venise pour suivre à Pau le cours de pilote de chasse, où, malheureusement, un accident le rend inapte au pilotage.
    Fait chevalier de la Légion d'honneur en janvier 1917, il est envoyé de nouveau à Dunkerque comme second du Centre d'aviation maritime. Il passe ensuite dans les ballons comme observateur et prend, le 1er octobre, le commandement du centre du Havre où il reste jusqu'en juillet 1918.
    Nommé lieutenant de vaisseau de réserve, il est alors détaché en raison de son passé d'avant guerre comme officier de liaison auprès du sous-secrétaire d'Etat à la Marine marchande jusqu'à sa démobilisation en avril 1919.

    L'officier de marine de réserve : son oeuvre
    Ne reprenant pas la navigation, il devient armateur. Mais, marqué par la guerre, il reste un officier de réserve particulièrement actif.
    Le 9 juillet 1925, répondant à l'appel lancé dans la presse par le délégué général de l'Union Nationale des Officiers de Réserve, il réunit quelques camarades pour former, au sein de cette union, la 5e commission qui rédige les voeux des marins au congrès de Belfort.
    Et c'est à l'issue de cette réunion que se tient l'assemblée générale constitutive de l'A.C.O.R.A.M., dont il est naturellement élu président, et qui adhère aussitôt à l'U.N.D.R.
    les quatres voeux formulés et adoptés par le congrès sont :
            - Création auprès du minsitère de la Marine d'une commission consultative, analogue à celle fonctionnant auprès du ministère de la guerre.
            - Amélioration des conditions d'avancement des officiers de réserve
            - Augmentation des contingents de la Légion d'honneur
            - Institution de conférences d'instruction

    Ces quatres voeux reçoivent rapidement satisfaction. (...)

    En 1932, il est promu capitaine de corvette.

    Le combattant de 1939-1940
    Au début de septembre 1939, le commandant DUCUING prend le commandement de la redoute de la Croix Faron. Son autorité et sa persévérance font de ce nid d'aigle, pendant les mois d'hiver 1939-1940, une batterie modèle dans la D.C.A. de Toulon.

    A la fin de janvier 1940, l'amirauté française est amenée, pour assurer la surveillance du passage libre le long de la côte française du Pas-de-Calais, à organiser un poste de défense à Gris-Nez.

     On y a mis en position d'attente, une batterie mobile de 155. Mais comme celle-ci peut être appelée à d'autres missions, on veut installer à poste fixe une batterie de 100, avec un p.c. En mars, on propose au commandant DUCUING d'organiser et de commander ce poste de défense. Il accepte et prend immédiatement ses fonctions.

    Mais l'installation retardée pour diverses raisons, est à peine terminée au moment où l'offensive allemande provoque l'envoi de la batterie mobile de 155 sur la rive occidentale de l'Escaut. L'artillerie principale du Gris-Nez n'est plus alors composée que de quatre pièces de 100 qui n'ont pas de munitions. Le commandant DUCUING a sous ses ordres trois officiers et une centaine d'hommes qui ont comme armement individuel vingt fusils et six revolvers.

    Le 23 mai, le commandant DUCUING organise un poste de résistance avancée au carrefour du moulin d'Audinghen. Le 24 au matin, il est pratiquement encerclé. Au soir, un officier allemand se présente et lui demande de se rendre. DUCUING lui répond qu'il doit défendre Gris-Nez et exécutera ses ordres jusqu'au bout. DUCUING fait saborder pendant la nuit les installations. Au matin, une dizaine de tanks et 150 soldats allemands attaquent la position.

    La mort glorieuse
    A 9 heures, l'ennemi n'étant plus qu'à deux cent mètres et les défenseurs du Gris-Nez n'ayant plus de munitions, le commandant DUCUING fait détruire mitrailleuses et canons et donne à tout le personnel l'ordre de se replier vers la falaise ouest.

    Refusant de se laisser entraîner par son maître hôtel, il prend en main une mitraillette et demande un pavillon au maître canonnier auquel il dit adieu en ordonnant de rejoindre les autres. Le maître fait semblant d'obéir et, s'étant caché, voit le commandant DUCUING se diriger vers le mât de pavillon, poser son arme, se découvrir, hisser les couleurs, puis reprendre la mitraillette. Il tombe peu de temps après fauché par une rafale de mitrailleuse.

    La Marine le nommera capitaine de frégate à titre posthume.