Sur les chemins de la Grande Guerre
Les batailles d'Artois (1914-1918)
 
 

Quelques repères historiques sur le circuit




1 - ARRAS
Faubourg d’Amiens Cemetery

Les allemands attaquent Arras en août 1914, et occupent très brièvement la ville à la fin du mois de septembre. Par la suite, malgré les attaques répétées, la ville reste dans les mains des Alliés. Au printemps 1916, les troupes britanniques y remplacent les troupes françaises. Arras a donné son nom aux batailles d’avril-mai 1917 alors que les lignes allemandes de Vimy et sur la Scarpe sont brisées. Le 28 mars 1918, les allemands attaquent la 3ème armée britannique sans succès ; en août et septembre 1918, la 3ème armée brise la ligne Hindenburgh.
 


Le cimetière d’Arras, situé à l’est de la ville, restera sous le feu des combats durant toute la guerre. On enterre alors des civils dans le cimetière militaire français ouvert dans le faubourg ouest (770 soldats y étaient enterrés, aujourd’hui déplacés). A proximité, on ouvre un cimetière anglais utilisé de mars 1916 à novembre 1918 par les ambulances de campagne et les unités combattantes. Il sera agrandi après l’Armistice, par le regroupement de tombes provenant des champs de bataille d’Arras et de deux petits cimetières. 

Le cimetière contient 2 689 tombes (1914-1918 : 2 681 tombes dont  2 398 britanniques, 153 canadiens, 60 sud-africains, 28 allemands. 1939-1945 : 8 tombes).

Le cimetière comporte également un mémorial au Royal Flying Corps (sur lequel figurent 1.021 noms, dont le major Edward Mannock, l’as des as de l’aviation britannique (73 victoires aériennes)). Ce mémorial se compose d'un obélisque surmonté d'un globe. Ce dernier, entouré des signes du zodiaque, représente le globe terrestre tel qu'il se trouvait dans l'espace le matin du jour de l'Armistice.

Le mur-mémorial comprend les noms de 35.928 noms de disparus du Royaume-Uni et d’Afrique du Sud. Les militaires dont le nom figure au mémorial ont participé à l'offensive déclenchée d'Arras par les britanniques au printemps 1917, et ont défendu cette ville une année plus tôt lors de l'offensive allemande.
 
 

2 - MONT-SAINT-ELOI

On aperçoit de loin ce qui subsiste de l'abbaye fondée au VIIe siècle et reconstruite au XVIIIe siècle. Le démantèlement de l'édifice date de la Révolution française, ce qu'il en restait sera encore plus meurtrie par les combats de la première guerre mondiale. Ne subsistent que ces deux hautes tours, d'allure sulpicienne, de grés et pierre blanche, qui entourent le porche d'entrée de l'abbatiale daté de 1754. Construites à 120 mètres d'altitude et hautes de 53 mètres, elles ont été touchées par des tirs d'artillerie en 1914. L'ensemble du site a été classé en 1921. L'artiste anglais E.H. SHEPPARD, auteur du personnage de Winnie l'Ourson, en fit une toile durant son service pendant la guerre. Leur importance stratégique est évidente, elles qui dominent ainsi les alentours, elles constituaient un excellent poste d'observation. Au loin, on aperçoit très bien la colline de Notre-Dame de Lorette et la crête de Vimy.
 
 

3 - CARENCY

La position de Carency tombe en octobre 1914 aux mains des Allemands. Elle forme alors une pointe dans leurs lignes et est reliée à leurs organisations générales de défense par des tranchées et boyaux creusés de chaque côtés de la route Carency-Souchez.
Elle présentait pour l'ennemi une importance stratégique de premier ordre puisqu'elle interdisait au Français toute avance vers Lens et toute communication directe entre Arras et Béthune.
Aussi, le village avait-il été transformé en forteresse, considérée comme imprenable. Quatre lignes de tranchées en défendaient l'accès. Dès décembre 1914, les Français cherchèrent à s'en emparer; l'attaque fut lancée le 9 mai 1915 par le général Fayolle sous les ordres du général Pétain. La destruction du village fut totale (celui-ci a été entièrement reconstruit après la guerre). La cloche de la ville, datant de 1749, sauvée avant les combats, fut rapportée dans la nouvelle église par les responsables de la ville de Paris.
 
 

4 - ABLAIN-SAINT-NAZAIRE

"On a suivi une route, traversé Ablain-Saint-Nazaire en ruine. On a entrevu confusément les tas blanchâtres des maisons et les obscures toiles d'araignées des toitures suspendues". Henri BARBUSSE, Le Feu, chapitre XIX Bombardement.

On arrive sous la colline de Lorette, face à la chapelle et à la lanterne des morts.
Les ruines de l'église ont été maintenues après la guerre pour témoigner de la violence des combats. La destruction de l'église, considérée comme un joyau de l'art gothique flamboyant, célèbre avant-guerre pour son portail sculpté, est durement ressentie par la population locale. Les combats avaient commencé après la prise de Carency, le 12 mai, et ne furent achevés que le 29 mai 1915.
En 1270, existait en ce lieu un hospice dédié à saint Nazaire, pour les "guérisons de l'esprit". Le prince de Bourbon, seigneur de Carency, fit élever en 1505 par Jacques le Caron, architecte du beffroi d'Arras, cette église, en remerciement de la guérison de sa fille devenue folle à la suite d'un chagrin d'amour.
Les ruines de l'église ont simplement été sécurisées après guerre et conservent les stigmates des combats.
C'est à Ablain-Saint-Nazaire que fut blessé l'artiste peintre Georges Braque en 1915.
 
 

5 - La nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette

Face à l'entrée de la nécropole, une table d'orientation indique les différents points stratégiques des batailles d'Artois. Cette table d'orientation a été offerte en 1976 par les rescapés du train de Loos en souvenir de toutes les victimes de guerre. Œuvre du sculpteur Emile MORLAIX, elle a été réalisée par Louis MARTEL, fondeur à Saint-Omer. Les gravures ont été exécutées par Raoul GUNTHER de Tourcoing.

Le plateau de Lorette s'élève à 165 mètres au-dessus du niveau de la mer. Florent Guilbert, peintre originaire d'Ablain-Saint-Nazaire possédait un champ sur la colline au XVIIIe siècle. Guéri d'une maladie de la jambe au cours d'un pèlerinage au sanctuaire italien de Loreto, il en rapporte un statue de Notre-Dame et construit dans son champ pour l'y accueillir un abri rustique. Dès 1729, la colline devient un lieu de pèlerinage. L'oratoire fut détruit en 1794 et la statue disparut. Les pèlerins placèrent alors une modeste vierge de bois dans les branches d'un tilleul qui ombrageait l'ancien oratoire. Une vraie chapelle fut reconstruite en 1815. L'ancienne statue fut retrouvée chez un descendant du peintre et y fut remise.

Soudain en 1914, ce lieu paisible devient l'un des plus effroyable champ de bataille de l'histoire. Le bilan humain des batailles d'Artois sera incroyablement lourd. Première bataille d'Artois : 104.000 morts, disparus et prisonniers sur le terrain d'octobre à novembre 1914, 11.000 morts dans les formations sanitaires, 10.000 dans les hôpitaux de l'intérieur. Deuxième bataille d'Artois (avril-juin 1915) : 121.000 morts, disparus sur le terrain, 13.000 morts dans les formations sanitaires, 9.000 morts dans les hôpitaux de l'intérieur. Deuxième bataille de Champagne et troisième bataille d'Artois : 115.000 morts, disparus et prisonniers sur le terrain, 10.000 morts dans les formations sanitaires, 10.000 morts dans les hôpitaux de l'intérieur… Les Allemands nomment l'endroit Totenhügel : la colline de la mort. Le paysage n'est plus qu'un champ de bataille stérile, lunaire. De nombreux généraux ont dirigés les combats de Lorette : Maistre, Barbot, Pétain, Fayelle, Lanquetot, Lombart, de Boissoudy, Cadoual, Martin de Bouillon, Ruault, Bolger, Jacquot, Capdepont, Laporte d'Hust, Rabier, Suberbir, Naudaut, Stirn, Pillot, Guillemot, Blondlat, Lefebvre, Humbert, Cure. Après la guerre, Emile POITEAU (le Barde de l'Artois, Lauréat de l'Académie Française) a chanté ce lieu effroyable (Voir le poème La Colline de Lorette).

Le vaste cimetière militaire s'étend sur 13 hectares planté de 19.000 croix. C'est un rectangle de 643 mètres d'est en ouest sur 208 du nord au sud. La première tombe à gauche de la grille d'entrée du cimetière est celle du général de division Barbot (mort pour la France le 10 mai 1915).

Au centre, s'élèvent la basilique et la tour lanterne.

Elles sont l'œuvre de l'architecte lillois, Louis CORDONNIER, membre de l'Institut, également auteur de la basilique de Lisieux. L'église, bénie le 26 mai 1927 (par Mgr Julien, évêque d'Arras), consacrée la 5 septembre 1937, est d'allure romano-byzantine. A l'intérieur, on peut apprécier des vitraux du Français Charles LORIN d'après des cartons d'Henri PINTA, prix de Rome, artiste dont trois enfants étaient morts au combat (sainte Barbe vénérée par les mineurs, la France combattante, la France triomphante, princes, rois et empereurs du Moyen Age), et de l'anglais Henry PAINE.
Sur les murs, des plaques rappellent le souvenir de tel soldat, tel régiment, dont celle de François FABER, vainqueur du Tour de France en 1909, mort à Carency en mai 1915 (pilier à gauche du chœur).

La tour-lanterne est l'ossuaire principal (6.000 corps) et renferme les restes des soldats inconnus des deux guerres mondiales, d'Indochine et d'Afrique du Nord. Elle a 52 mètres de haut. L'endroit est veillé chaque jour par des bénévoles de l'association des Gardes d'Honneur de Lorette. C'est la maréchal Pétain qui a posé la première pierre de la tour le 19 juin 1921, qui a été inaugurée le 2 août 1925 par Paul Painlevé, président du Conseil. La lampe de 3.000 bougies promène un faisceau lumineux à 70 km à la ronde à raison de 5 tours par minutes. La leçon que veut donner ce mémorial aux générations futures est inscrite dans la pierre (se sont des vers de Mgr Julien) :

C'est ta lampe attentive à garder leur mémoire
Contre la nuit qui tombe, oublieuse, dessus
Le phare qui s'allume aux rayons de leur gloire
Et met au ciel de France une étoile de plus

Vous qui passez en pélerins près de leurs tombes
Gravissant leur calvaire et ses sanglants chemins
Ecoutez la clameur qui sort des hécatombes :
Peuples, soyez unis, Hommes, soyez humains !

Sept autres ossuaires sont répartis aux extrémités du cimetière. En tout, le cimetière accueille les dépouilles de 40.057 soldats répartis comme suit :
- 1914-1918 : 39.985 Français dont 19.998 en 7 ossuaires et 1 crypte, 64 Russes, 1 Belge, 1 Roumain.
- 1939-1945 : 6 Français
- Dans la Crypte ossuaire : soldat Inconnu de 1939-1945 (inhumation le 16 juillet 1950), cendres de déportés 1939-1945 (urne déposée en 1955), soldat Inconnu d'Indochine 1945-1954 (inhumation le 7 juin 1980), Soldat Inconnu d'Afrique du Nord 1952-1962 (inhumation le 16 octobre 1977)(ce soldat est mort à Oran où il y a reposé quelques temps avant d'être inhumé à Luynes au centre de restitution des militaires morts pour la France, aux côtés de ses frères d'armes non réclamés par les familles. de Luynes (Bouches-du-Rhône) on l'a transporté à Arras, puis à Lorette).

A proximité du cimetière, un musée militaire présente une importante collection privée de pièces se rapportant à la première guerre mondiale (photographies, dessins, uniformes, obus gravés…) (Entrée payante - Téléphone : 03-21-45-15-80).
 
 
 

6 - SOUCHEZ

"Nous sommes devant Souchez. Le village a disparu. Jamais je n'ai vu une telle disparition de village. Ablain Saint-Nazaire et Carency garde encore une forme de localité, avec leurs maisons défoncées et tronquées(..) Ici, dans le cadre des arbres massacrés - qui nous entourent au milieu du brouillard - plus rien n'a de forme : il n'y a même pas un pan de mur, de grille, de portail qui soit dressé, et on est étonné de constater qu'à travers l'enchevêtrement de poutre, de pierres et de férailles, sont des pavés : c'était ici une rue". Henri BARBUSSE, Le Feu, chapitre XII Le portique.

A la sortie de la nécropole nationale de Lorette, on descend vers Souchez en passant devant la statue du général MAISTRE sculptée par Max Blondat (inaugurée la 26 mai 1927). Le général Maistre était à la tête du 21e corps d'armée qui combattit plus particulièrement pendant douze mois à la reconquête du plateau de Lorette.

En arrivant au stop, on voit de l'autre côté de la route le Centre Européen de la Paix qui présente en permanence une exposition sur la Grande Guerre. C'est aussi un lieu d'échanges et d'informations. Doté d'une bibliothèque (ouvrages histoires régionales et européennes), il accueille également un point d'informations de l'office de tourisme de Lens-Liévin. (Entrée payante - Horaires d'ouvertures : Tous les jours de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, fermé le samedi et le dimanche matin - Téléphone : 03-21-72-66-55).
 

A proximité du cimetière de Souchez, se dresse le monument à la division Barbot. Il a été réalisé par Jules DECHIN (Grand Prix de Rome) sur une initiative de Monsieur PETIT, notaire à Neuville-Saint-Vaast. Le président d'honneur du comité d'érection était le général Pétain. La première pierre a été posée le 26 mai 1935. Le monument rend hommage aux général Barbot, défenseur, avec ses Alpins, d'Arras en 1914. Au premier plan, une statue du général Barbot (revêtu de sa capote de soldat, une main portée entre deux boutons comme à son habitude) semble protéger ses soldats d'un geste de la main alors que ceux-ci s'apprêtent à sortir des tranchées. Sur les côtés, des médaillons représentent les généraux PLESSIER et STIRN, successeurs de Barbot à la tête de la division (Stirn est tué le surlendemain de la mort de Barbot). Le tout est dominé par une statue ailée de la Victoire. 

En sortant de Souchez, à droite, le cimetière britannique du Cabaret Rouge (7.645 soldats y reposent, dont 115 Australiens), lieu célébré par de nombreux romans de l'après guerre (dont ceux de Barbusse et Mac Orlan). La commune compte deux autres cimetières britanniques (le cimetière de la vallée des Zouaves et celui des Ecouloirs). La vallée des Zouaves tient son nom de la division marocaine qui livra dans ce secteur de violents combats en 1915. ("Je suis allé avec le cinquième bataillon au talus des Zouaves. Ce talus pris dans notre attaque du 28, atteint par les Zouaves dans l'attaque du 7 (…) Le ravin et les talus qui s'étendent sur plusieurs kilomètres de longueur ne sont plus qu'une vaste nécropole. Partout des cadavres momifiés, squelettiques, réduits à l'état de petits tas mêlés de boue rougeâtre". Henri BARBUSSE, Carnet de guerre).
Le cimetière de la vallée des Zouaves se situe au sud-est de Souchez, il a été ouvert en 1916 et fermé en juin 1917.Il contient les tombes de 233 soldats dont 93 Canadiens. La plupart des Canadiens enterrés ici appartenaient à la 4e division et furent tués lors des combats du 1er mars au 9 avril 1917. La plupart d'entre eux appartenaient au 75e bataillon (Mississauga Horse)
 
 

7 - NEUVILLE-SAINT-VAAST

Neuville-Saint-Vaast est le pays des lieux de mémoire et des monuments de la reconnaissance aux sacrifices des soldats de nombreux pays.
Les cimetières et monuments tchèques et polonais de la Targette, qui se font face sur la route principale un peu avant d'arriver dans la commune, témoignent des combats du 9 mai 1915. les volontaires de ces pays encore inexistants et dépendant de l'empire austro-hongrois au moins en partie, avaient rejoint les rangs de l'armée française et ont atteint la côte 140 ; la plupart d'entre eux y reposent désormais. Leur engagement en France a permis une première reconnaissance de ces deux nations au niveau international.
 
 

Lorsqu’on pensa à installer le cimetière tchèque, le site de la Targette vint naturellement à l’esprit. C’est là qu’en mai 1915, les membres du Sokol de Paris et de l’association socialiste parisienne Rovnost, participèrent à l’attaque menée par la Xe armée française (2ème bataille d’Artois), les pertes furent de l’ordre de 80%.Parmi les soldats tombés, on releva le moniteur en chef de Sokol Paris, Joseph Pultr ainsi que le président de l’association Rovnost, Josef Sibal.Mais celui qui marqua le plus profondément la mémoire des compatriotes et des citoyens tchèques fut le légendaire porte-drapeau de la « Compagnie Nazdar », le soldat Karel Bezdicek. Originaire de la ville de Sezemice u Pardubic, il tomba frappé d’une balle dans la tranchée allemande, le corps enveloppé du drapeau tchèque. Il symbolise dès cette époque le premier soldat tchèque libre, porteur du drapeau frappé du lion tchèque. Le cimetière a été aménagé à partir de 1938. En 1970, des militaires de 1914-1918 exhumés à Bordeaux, La Rochelle, Orléans, Brest, Le Havre, Belfort, etc. y furent réinhumés. En 1999, il contient les tombes de 206 soldats (dont 70 de 1914-1918 et 136 de 1939-1945).

En face, s'élève le monument au morts polonais engagés dans la Légion étrangère, oeuvre du sculpteur Real del Sarte. Erigé en décembre 1929 grâce aux Polonais du Pas-de-Calais, il fut inauguré le 21 mai 1933 par l'ambassadeur de Pologne. Dès les premières semaine d'août 1914, des dizaines de volontaires polonais s'engagent avec enthousiasme dans la Légion étrangère. Au printemps de 1915, ils montent au front et forment la 2e compagnie du 3e bataillon du 2e régiment de marche du 1er régiment étranger. D'autres font partie du 3e bataillon du 3e régiment de marche du 1er Etranger. ces unités sont engagés en Champagne,  Picardie puis en Artois. La Légion est jetée dans l'offensive d'Artois le 9 mai 1915, qui se prolonge jusqu'en juin. Lors de la bataille d'Arras, dans le cadre de l'attaque menée par la Division marocaine, le 1er régiment étranger lutte dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast : les lourdes pertes provoquent la fonte des effectifs de la compagnie.

En continuant vers la Targette, on arrive ensuite au beau monument du Flambeau de la Paix, élevé à l'initiative d'Ernest PETIT. Il représente une main jaillissant des ruines du village et brandissant un flambeau allumé. A son poignée, une plaque d'identité militaire indique "Neuville-Saint-Vaast, 9 mai 1915", date de l'attaque française qui déboucha dans le village. Inauguré le 2 octobre 1932, il est l'œuvre de C Yrondi. La base du monument est constitué de moellons de calcaire provenant des maisons de la commune détruites durant la guerre. Emile POITEAU (Le barde de l'Artois), a composé les vers de l'inscription :

Ô vivants qui passez près de ce flambeau,
Qui dresse son symbole aux champs des hécatombes,
Attardez vos regards sur ce sol plein de tombes
Et soyez à nos morts dont le cœur était beau

Ce symbole du flambeau semble avoir été repris par Virtel en mai 1944, reproduit ensuite par le Souvenir Français pour la couverture de son bulletin trimestriel.

La commune de Neuville-Saint-Vaast comprend encore d'autres lieux de mémoire (nécropole nationale de la Targette (1914-1918, 1939-1945), Monument à la 53e DI, plaque à la mémoire de Henri Liévin (résistant 39-45), plaque à la mémoire de Jean Tison (fusillés en mai 1944), une croix monumentale en béton à l’angle des rues de Prague et du 11 novembre ("Souviens-toi"), monument de la reconnaissance (érigé à la place de l’ancien Calvaire détruit, adossé au caveau de la famille PETIT. Représente un soldat agonisant sur l’autel de la Patrie. Sur les murs qui l’entourent sont gravés les noms des enfants de la commune morts pour la France, ainsi que les numéros et titres de tous les régiments français, canadiens et alliés qui ont combattus pour la délivrance de la commune), cimetière canadien de la route de Givenchy (construit en avril 1917 par le Canadian corps, contient les restes de 111 soldats canadiens tombés le 8 avril 1917 ou durant les 4 jours suivants), cimetière canadien no2 (construit par le Canadian corps en avril 1917. Les tombes d’origines dans le carré 1 sont celles des hommes de la 4e division, en particulier des 75e (Mississauga Horse) et 87e (Grenadier Guards of Montreal) bataillons, tués le 9 avril 1917. Le dernier soldat canadien y fut enterré en 1947. 2.966 soldats du Commonwealth y reposent (72% n’ont pas été identifiés), dont 693 canadiens), cimetière de la Maison Blanche (50.000 tombes de soldats allemands)(Ce cimetière a été construit sur une ancienne position allemande, le fameux Labyrinthe, enlevé par les troupes françaises au terme de combats extrêmement meurtriers en mai 1915), vitrail du souvenir dans l’église Saint-Laurent, La Targette British Cemetery (ce cimetière a été ouvert à la fin du mois d'avril 1917 et fut utilisé par les ambulances de campagne et les unités combattantes jusque septembre 1918. Après l'Armistice, 16 tombes y ont été regroupées. 641 soldats y reposent, dont 334 britanniques, 298 canadiens, et 3 britanniques tombés en 1939-1945. Le 21e bataillon d'infanterie canadien a érigé dans ce cimetière un mémorial à ses hommes tombés en avril 1917).
 

8 - Parc et Mémorial commémoratif Canadien de Vimy

Vimy est resté célèbre dans l'histoire mondiale comme le théâtre de sanglants combats dont la crête a été l'enjeu en octobre 1914, mai-septembre 1915 et le 9 avril 1917, jour où les Canadiens du général Bing s'illustrèrent courageusement.

Ces cent dix hectares de terres artésiennes ont été donnés au Canada en 1922. L’acte de concession définitive est intervenu le 21 avril 1932 (« usage gratuit et libre disposition à titre gratuit et à perpétuité du terrain sis sur le plateau de Vimy »).

Le mémorial qui surplombe la plaine rend hommage aux 60.000 Canadiens qui périrent durant la Grande Guerre. Il coûta à l'époque plus d’un million et demi de dollars. Le sculpteur Walter S. Allward (Toronto) raconta à ses amis que la forme du monument lui vint à l’esprit pendant un rêve : « A la base des murs de défense, puissants et inexpugnables, se dressent les défenseurs, dont un groupe montre le brisement du sabre, tandis que l’autre, la sympathie des Canadiens envers les faibles. Au-dessus d’eux, apparaissent des bouches de canons couvertes d’oliviers et de lauriers. Sur le dessus du mur, se tient une figure héroïque représentant le Canada qui médite d’un air morose sur la tombe de ses courageux morts, en dessous, une fresque évoque une tombe surmontée d’un casque, de lauriers, etc. Derrière elle, se dressent deux pylônes qui symbolisent les deux forces armées, canadiennes et françaises, alors qu’entre les deux, au bas, souffle l’Esprit du Sacrifice, qui, dans un ultime effort, lance un flambeau à ses camarades. Regardant vers le haut, ils aperçoivent entonnant l’hymne de la Paix, les figures de la Paix, de la Justice, de la Vérité, de la Connaissance,… pour lesquelles ils ont combattu. Auprès de ces statues, on voit les écussons de la Grande-Bretagne, du Canada et de la France. Enfin, de l’autre côté des pylônes se dresse la Croix. »

Au total le mémorial est composé de 20 sculptures. La structure a été réalisée avec 11.000 tonnes de béton, 5.500 tonnes de pierre calcaire de Trau furent importée des bords de la mer Adriatique.

Le monument a été inauguré le 26 juillet 1936 par le roi d'Angleterre Edouard VIII en présence du président Lebrun.

Le Parc : 11.285 pins et érables importés du Canada y ont été plantés dès 1922 en souvenir des 11.285 Canadiens qui n’ont pas de sépulture connue, « manquants à l’appel et présumé morts », dont les noms sont inscrits sur le mémorial. (Si l’on y ajoute les noms des 6.983 soldats morts en Belgique dont le nom est gravé sur le monument commémoratif de Menin Gate, on a pour ces deux seuls monuments 30% de tous les canadiens morts en France ou dans les Flandres au cours de la Grande Guerre). Des visites guidées régulières et gratuites sont dispensées par des étudiants canadiens (1er mai au 15 novembre), un centre d'interprétation historique permet d'évoquer le conflit de 14-18.

Dans le parc, certaines tranchées ont été conservées révélant ainsi l'extrême proximité des deux lignes de fronts. A noter que le terrain est classé en zone rouge, c'est à dire qu'il n'y a pas eu de désobusage au delà des zones sécurisées. Par conséquent, il est interdit de circuler hors des chemins.
 

Le monument à la division marocaine rappelle l'extraordinaire percée réalisée par les légionnaires de la division marocaine le 9 mai 1915. Malheureusement, cette percée inattendue ne pourra être exploitée faute de munitions et de renforts suffisants. Le monument a été inauguré le 14 juin 1925, la présidence d'honneur du comité d'érection était assurée par le général Pétain et Lyautey. La division a été formé au Maroc par Lyautey. A leur arrivée à Bordeaux en juillet 1914, ces éléments furent complétés de métropolitain et, un peu plus tard, de cette élite des volontaires étrangers accourus de 52 nations différentes. Formés en régiment d’abord mixtes (zouaves et tirailleurs tunisiens ou algériens, notamment), puis en division sous le commandement du général Jacques Humbert ; elle se signale par son infanterie portant le chéchia rouge et la pantalon bouffant.

Dans la ville de Vimy, l'église de la commune est éclairée de vitraux dont l'un, réalisé en 1949, représente la célèbre bataille d'avril 1917. Un orgue offert par le Canada en 1920 a été installé et inauguré en 1985.
 
 

9 - THELUS

Le monument à la mémoire de l'artillerie canadienne a été élevé à la demande du général Byng en avril 1918, avant la fin de la guerre (c'est l'un des rares monument dans ce cas). On y retrouve l'emblème des artilleurs, un canon dont la roue supporte une couronne Canada et une devise : Quo fas et Gloria ducunt (Voilà où la nécessité et la gloire conduisent).

La commune a également trois cimetières militaires britanniques, ainsi que le Cratère Lichfield (entre Thélus et Neuville). C’est en fait une grosse fosse commune (il n’existe que 2 cimetières de ce type en France). Après la bataille, les restes de 56 soldats furent enterrés dans un cratère de mine au milieu de ce qui était alors le no man’s land. Plus tard, le cratère a été tronqué et entouré d’herbe. Il contient aujourd’hui les restes de 52 soldats canadiens (dont 10 inconnus), de 5 soldats à l’origine inconnu et d’un soldat russe inconnu.
 
 

Bibliographie :
- BUFFETAUT (Yves), Batailles de Flandres et d'Artois 1914-1918. Guides Historia Tallandier, 1992. 96 p.
- CHRISTIE (N.M.), Pour le roi et l'Empire, les Canadiens à Vimy : une histoire sociale et une visite guidée des champs de bataille. ISBN 896979-04-1.
- DHERENT (Catherine), Vimy-Lorette. La Voix du Nord, collection Regards, 1995. 32 p.
- Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (Ministère de la Défense), Les batailles d'Artois 1914-1918. Plaquette d'information historique (collection "les chemins de la mémoire"). Dans la même collection : Les Polonais en France 1914-1918 et Les Tchécoslovaques en France 1914-1918.
- Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (Ministère de la Défense), Les troupes alliées en France 1914-1918. 2000, 75 p.
- L'ancien combattant d'Afrique du Nord repose à Notre-Dame de Lorette. Livret de 44 pages publié au premier semestre 1978 par l'association du Monument de N.D. de Lorette.
- BARBUSSE (Henri), Le Feu. 1916. (roman)

Autres références :
- Commonwealth War Graves Commission
- Données documentaires du service départemental de l'Onac&Vg.

Photographies :
Service départemental de l'Onac&Vg